« Le silence est trop souvent la règle en matière de cancer »
Le cancer a des retombées majeures sur le bien-être physique et psychique d’une personne. Tous les aspects de la vie sont bouleversés par cette maladie : la vie conjugale, la vie familiale, la vie relationnelle, la vie professionnelle, les responsabilités, les tâches, le revenu familial, la qualité du sommeil, la fertilité, … mais aussi la sexualité !
Mais le patient ne se résume pas à la maladie ! Il reste avant tout un individu ayant des besoins corporels et émotionnels dont la sexualité fait partie. C’est une composante inhérente de la qualité de vie. L’OMS considère d’ailleurs la sexualité comme un aspect central de la personne humaine tout au long de la vie. Elle définit la santé sexuelle comme « un état de bien-être physique, émotionnel, mental et social associé à la sexualité. »
Or, c’est un sujet peu abordé par les patients : par honte, par pudeur, parce que le sexe est secondaire dans un contexte de maladie, en raison de fausses croyances (pas de sexe si maladie, le sexe peut nuire au traitement, crainte de transmission, ça ne marchera plus…)
C’est aussi un sujet insuffisamment abordé par les soignants, surtout dans les cancers situés hors de la sphère génitale : parce qu’ils n’y pensent pas, ils n’ont pas le temps, ils banalisent, ils sont gênés d’aborder le sujet par manque de connaissances, de savoir-être, de savoir-faire, parce qu’ils sont peu sensibilisés à l’importance de la qualité de vie sexuelle, ou encore parce qu’ils craignent qu’elle ne soit un frein au suivi des traitements.
Ainsi certains patients s’estiment encore mal informés quant aux conséquences des traitements du cancer sur leur sexualité. Cette thématique est pourtant une réalité chez de nombreux patients et leurs partenaires, indépendamment de l’âge, du type de cancer, du stade de la maladie ou du pronostic.
Alors faut-il y renoncer ou plutôt en parler ? En parler bien sûr. Le cancer, particulièrement ceux qui se situent dans la sphère génitale, n’est pas synonyme d’arrêt de toute sexualité.
Si certains aspects de la sexualité peuvent être modifiés de manière variable selon le type de cancer et ses traitements, vivre une sexualité reste possible.
Mais (peut-être) plus comme avant. Un nouvel équilibre est à trouver et des solutions existent, au travers d’une approche multimodale, à la fois organique, psychologique et relationnelle qui nécessite un travail en collaborationavec les oncologues, les médecins généralistes, les sexologues, les psychologues, les kinés, ….
Il est donc important de démythifier les tabous liés à la sexualité lors d’un cancer et oser aborder le sujet dans un cadre professionnel et bienveillant.
Catherine Mergan, Sexologue en collaboration externe avec Haptis