Les pleurs des nourrissons ont toujours été une source de préoccupation et d’incompréhension pour les adultes, aussi bien les parents que les professionnels de la santé. Pourtant face aux idées reçues, la science a permis de lever le voile sur ce qu’ils sont vraiment.
Dans les grandes lignes, un article intitulé « les pleurs des bébés: un grand malentendu » d’Héloïse Junier, psychologue, propose des pistes scientifiques qui permettent de mieux les comprendre et de mieux réagir face à ces pleurs. J’y ajouterai une partie liées aux pleurs que l’on peut rencontrer pendant les séances d’ostéopathie.
Bien sur avant d’aller plus loin, les pleurs sont majoritairement liés à des besoins simples comme la faim, le sommeil ou le besoin d’étre câliné ou changé.
Il faut rester prudent toutefois à propos de la faim car s’il est conseillé de donner « à la demande » dans un premier temps, il convient par la suite d’essayer de respecter un certain rythme qui posera les bases d’un cadre rassurant pour l’enfant. De plus, comme l’expliquent les pédiatres M.-J. Challamel et M. Thirion dans leur ouvrage « Le sommeil, le rêve et l’enfant », si le besoin de base n’était pas la faim, il risque d’assimiler la mise au sein (ou le biberon) comme le seul moyen de calmer tous ses besoins.
Attention aux idées reçues !
- Trop souvent, on assimile les pleurs aux coliques. Or rien ne prouve que les coliques sont douloureuses mais par contre le reflux l’est. Or ce dernier peut être une conséquence des coliques. En effet, l’excédent de gaz dans les intestin peut exercer une pression sur l’estomac, contraignant ce dernier et favorisant l’expulsion de lait dans le duodénum (vers le haut donc) et si le lait est digéré, il est acide et donc douloureux pour les muqueuse du duodénum. La meilleure approche face à ce problème est de s’assurer que la maman allaitante ne mange pas trop d’aliments qui seraient particulièrement difficiles à digérer pour le bébé (principalement, les produits laitiers, le chocolat et les excitants comme le thé ou le café).
- Des caprices ? Non 😉
- Une forme de langage ? Pas au sens premier du terme. Il « n’essaie » pas de dire quelque chose. La recherche en neurobiologie ne montre aucun lien entre les pleurs et les zones du cerveau impliquées dans la parole. Les pleurs sont provoquées par des zones dites « primitives » du cerveau qui ne sont pas contrôlable consciemment. Nous y reviendront.
Les pleurs sont un puissant anti stress !
Lors des séances d’ostéopathie, il arrive que le bébé se mettent à pleurer, et parfois plus fort que ce que les parents ont déjà vécu. De façon tout à fait compréhensible, les parents s’inquiètent que cela soit douloureux. Or, jamais en ostéopathie pédiatrique on ne force les tissus. On ne met donc aucune contrainte douloureuse. Ces pleurs peuvent apparaitre lorsque l’on approche d’une « zone » qui a besoin d’aide. Pour vulgariser à l’extreme, lorsque l’on subit une contrainte, qu’elle soit physique, emotionnelle, chimiques,… (et la naissance en est un bon cocktail) l’organisme met en place des mécanismes de défenses qui marquent le corps au niveau des tissus mais aussi au niveau des émotions (ce qui la rend palpable pour un ostéopathe ou un autre praticien spécialisé dans la petite enfance). Lorsque le praticien propose une aide au corps du patient, ce dernier montre la voie à emprunter pour libérer la tension physique mais l’émotion doit aussi être libérer. Cette dernière emprunte souvent la voie des pleurs pour un bébé. Donc rien de douloureux mais un fardeau qu’il peut enfin évacuer.
Héloise Junier ajoute qu’ « une question revient souvent dans la bouche des parents et des professionnels : « Alors que je le porte dans les bras, qu’il a bien mangé, bien dormi, qu’il n’a visiblement aucune douleur, il pleure quand même. Pourquoi ? ». Car pleurer permet à l’enfant de se décharger de ses toxines de stress, au même titre que trembler, bâiller, transpirer, rire ou crier de colère. »
Eric Binet, docteur en psychologie et en sciences de l’éducation, rappelle que le fait de « consoler » un enfant n’implique pas de cesser ses pleurs mais de lui accorder de l’attention et de soulager ses tensions.
Dès 1989, dans son livre destiné aux parents « Holding Time », Martha Welch, professeure associée de psychiatrie au Département de pédiatrie, de pathologie et de biologie cellulaire de l’Université du Centre Médical de Columbia, présente les bienfaits de l’étreinte pour accompagner les pleurs d’un enfant. Celle-ci se compose de trois phases : la confrontation avec l’adulte, le rejet (lorsque l’enfant se débat) et le dénouement (l’enfant, qui ne cherche plus à se débattre, se détend et reste lové dans les bras de l’adulte). Peu d’enfants ont déjà eu la possibilité de pleurer à « satiété » dans les bras bienveillants d’un adulte.
Le plus complexe dans cette histoire n’est pas d’accompagner les pleurs d’un enfant, mais d’adopter une pratique qui va à l’encontre de nos croyances les plus profondément ancrées. Qu’on se le dise : oui, pleurer, c’est bon pour la santé. Et même pour les bébés ! A condition de les accompagner… Héloise Junier.
Enfin, les professionnels de la petite enfance, dont certains ostéopathes font partie, utilisent des grilles de lectures différentes passant par le toucher et n’étant ni invasives ni douloureuses pour tenter de comprendre ces pleurs.
Hatpissement votre,
Guy-John de Radiguès, Ostéopathe DO au centre Haptis