« Bonjour Madame Culpabilité… »
La culpabilité fait plus que rimer avec la maternité, elles sont comme deux sœurs siamoises qu’on aimerait dissocier. Pour reprendre la phrase de Sylviane Giampino, psychanalyste et psychologue de la petite enfance : « entrer en maternité, c’est entrer en culpabilité ».
Coupable de quoi !? « d’avoir fait cette fausse couche, d’avoir eu cet accouchement douloureux et difficile, d’avoir propagé cette bactérie à mon bébé, ou simplement de n’en faire pas assez, ou d’en faire trop, de ne pas être suffisamment disponible, de ne pas décoder mon bébé… ».
Le niveau d’exigence des mères est liè à l’augmentation de nos connaissances sur les enfants, mais malgré la meilleure volonté présente chez la plupart de celles-ci, il est impossible d’appliquer dans la réalité tous les beaux principes d’éducation mis en avant par les psychologues ces 50 dernières années.
En devenant mères, les femmes se sentent responsables de tout et à vie. La société, la famille, les amis et leurs enfants ne se privent pas d’ailleurs de le leur rappeler : « Tu es trop fusionnelle, tu es trop laxique, tu préferes mon frère à moi, tu travailles trop… ».
Quand cette culpabilité prend trop de place, quand elle devient source de souffrance et d’une inadéquation dans les comportements, c’est le moment, en général, où les patients arrivent en consultation.
Mon rôle de psychologue périnatale va être de les accompagner dans cette réflexion personnelle, dans ce travail de remise en question, dans cette comprehension de ce qui se joue dans ce nouveau rôle de parent, de ce haut niveau d’exigence parental que l’on a décidé d’endosser sans s’en rendre compte pour la plupart.
On va, dans la mesure du possible, inclure le père, qui peut, en refusant de renforcer l’illusion de la toute-puissance maternelle, aider une mère à déculpabiliser. D’abord, en la rassurant, ensuite en prenant sa place dans la diade mère-bébé , en faisant « à sa sauce », la mère réalisera que son bébé peut survivre sans elle, c’est le début de la déculpabilisation.
On va également, trouver un juste équilibre entre le principe de réalité et le principe de plaisir. Aider une mère à ne pas devenir esclave de son enfant, lui donner le droit d’avoir du temps pour elle, d’avoir du plaisir en dehors de sa maternité, ce qui va être bon pour elle aura des bienfaits positifs sur ses enfants.
Pour finir par faire le deuil de la mère parfaite, et devenir la mère qui nous convient, avec nos valeurs, nos envies et nos limites.
Diane Godin, Psychologue périnatale, au centre Haptis.