On en parle beaucoup aujourd’hui. Est-ce une mode, une redécouverte, une nécessité ?
Tout le monde connait les réflexes du bébé que l’on teste à la naissance : réflexe de Moro, Babinski, marche automatique, succion…
Les réflexes archaïques se construisent dès la période intra utérine dans le but de la naissance. Le bébé se place idéalement dans le bassin de sa mère en OIGA (occipito-iliaque gauche antérieur) et doit arriver à se mettre dans le juste mouvement. C’est le système labyrinthique, vestibulaire, avec le Réflexe Tonique Labyrinthique (RTL – liberté en flexion-extension de la tête) qui aide l’enfant à bien se positionner pour pouvoir bien naître : c’est un travail d’atelier qui se met en place. En effet, d’autres réflexes doivent se développer en synergie avec le RTL qui permettra au bébé de mobiliser sa tête en flexion-extension et de trouver le chemin dans le canal utérin jusqu’à la naissance.
Les réflexes, c’est comme une mémoire poly-sensorielle. C’est un programme moteur qui est dans le cerveau hors du contrôle volontaire. Dans l’utérus, le bébé qui est dans un milieu aqueux n’est pas soumis à la gravité. Il est très mobile et reçoit déjà des formations sensorielles. Du fait de naître, il va être « écrasé » par la gravité : il doit réapprendre à se mouvoir. Les réflexes primitifs aident au développement, à reprogrammer cette motricité et à défier la gravité.
Le bébé vient au monde. Il pousse avec ses pieds contre le fond utérin. Avec le réflexe de Moro, c’est la 1ère respiration. Le bébé vient du passage d’un milieu aqueux à un milieu aérien, il respire. Se manifestent en même temps le réflexe d’agrippement et la création de lien, d’attachement. Bébé ramène à lui. Il se déplace vers le mamelon, grâce à l’odorat, pour se nourrir.
Comme une intelligence kinesthésique, chaque réflexe a un impact sur le développement psychomoteur. Un réflexe en entraîne un autre pour se construire. C’est un travail en harmonie, une danse neuro-sensorimotrice. Le mouvement est important pour l’activation de ces réflexes, déjà durant la grossesse. Si la mère est mise au repos et/ou alitée, elle doit bouger son corps.
Si un réflexe manque, persiste ou ne se met pas en place, c’est tout le système qui en pâtira. Cela risque de nuire au comportement du bébé. Il aura des difficultés dans son développement, son apprentissage, sa gestion émotionnelle.
Le but des réflexes archaïques ?
Que toutes les parties du cerveau arrivent à fonctionner ensemble. Par exemple, le cortex préfrontal intervient au niveau de la concentration, l’attention, l’éveil. Si ce cortex n’est pas bien développé, l’enfant aura des problèmes dans les domaines précités et donc dans son apprentissage. Une fois que les réflexes ont permis à certains muscles de travailler ensemble, le bébé développe une praxie. Le réflexe est intégré. Le bon tonus s’installe. Cela mène aux chaînes musculaires.
Aborder les réflexes archaïques, est-ce donc une mode ? Non, bien sûr. S’ils reviennent au-devant de la scène, c’est dû aux grands progrès effectués en neurosciences qui prouvent la richesse de connexions cérébrales et son adaptabilité, et cela dès le plus jeune âge. Le mouvement rythmique représente un outil singulier pour relancer ces connexions et améliorer ainsi les capacités d’apprentissage de l’individu, même d’âge mûr.
Haptissement bien,
Colette NAVEAU, kinésithérapeute – chaîniste GDS ®– accompagnement de l’enfant GDS®