« Je ne suis pas folle, me direz-vous, juste enceinte »…
Voici ce que je vous réponds :
Désirer un enfant, attendre un enfant, vivre avec un nouveau-né sont des défis incroyables qui nécessitent un accompagnement particulier et individuel. L’arrivée d’un enfant est souvent perçue comme un grand bouleversement dans une vie confortablement installée. Celle-ci peut être cause d’incertitudes, de stress et certainement de grandes émotions.
Ma constatation de professionnelle et de maman : « Beaucoup de mamans n’osent pas avouer ce sentiment d’incompétence, confondant « l’instinct maternel » avec le manque d’expérience et de savoir ». Les manuels de puériculture traitent du bébé et comment en prendre soin, aucun ne traite des émotions et des sentiments des mamans, des papas et de la fratrie.
Trop souvent, par manque de confiance en soi, d’information, de réseau social ou familial (absence de transmission générationnelle), un parent ou futur-parent peut se sentir vite dépassé, épuisé, en questionnement par rapport à ce changement.
Il est maintenant démontré que les bouleversements psychiques font partie intégrante du processus de maternité. Le poids des images véhiculées sur la «maternité heureuse puisque décidée» se heurte à une réalité plus complexe et multiplie les tabous entourant cette période de vie. Les blocages, les symptômes, la souffrance, la culpabilité vont être la résultante de ces non-dits, et peuvent alors cacher des revécus de sa propre naissance, de sa propre enfance, de ses premiers liens d’attachement…
En tant que psychologue clinicienne spécialisée en périnatalité, je rencontre les mamans, futures-mamans, papas, futurs-papas, en individuel ou en couple, pour accompagner ce vécu psychique périnatal. La phrase qui revient souvent est celle-ci « j’ai tout pour être heureuse, et pourtant ça ne va pas… ». Dans une société ou la performance est reine, il est difficile d’avouer qu’on n’arrive pas à tomber enceinte, ou qu’on a peur à l’idée d’avoir un être vivant à l’intérieur de soi, ou qu’on a peur d’accoucher, ou qu’on a mal vécu cet accouchement, cette césarienne, ou qu’on arrive pas à nouer des sentiments d’attachement avec son enfant, ou qu’on est épuisé et qu’on a l’impression que jamais notre vie sera comme avant… Des vécus fréquents, douloureux, qui doivent être entendus et accompagnés,… pour que maternité rime avec sérénité et réalité.
Haptissement bien,
Diane Godin, psychologue périnatale